Des images verdâtres de bombardements nocturnes. Sur les écrans, du Maroc à l’Arabie Saoudite, les mauvais souvenirs sont d’un coup remontés. Ceux de Bagdad, une nuit de mars 2003, début de l’invasion américaine. Tout à l’émotion de leur premier vote de l’après-Moubarak, samedi, les Egyptiens n’avaient que peu prêté attention au début des opérations de la communauté internationale en Libye. Mais les premiers bombardements occidentaux ont provoqué à travers le monde arabe des sentiments contrastés.
Vitriol. La réaction la plus sévère est venue du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a reproché hier aux Occidentaux d'outrepasser le mandat de l'ONU. «Ce qui s'est passé en Libye diffère du but, qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne, et ce que nous voulons, c'est la protection des civils et non le bombardement d'autres civils», a-t-il déclaré. Certes, la Libye n'est pas l'Irak. Bien sûr, dit Samar el-Gamal, une journaliste du quotidien Al-Shourouq el-Gedid, il fallait arrêter le bain de sang et la folie de Kadhafi. Elle-même se sent solidaire des rebelles. Comment ne pas l'être après avoir goûté, samedi, au vent de liberté qui souffle désormais sur l'Egypte ? Rien à faire, le malaise demeure : «Il y a d'autres endroits où les Occidentaux auraient pu intervenir dans le monde et où ils ne l'ont pas fait. A part en ex-Yougoslavie, pourquoi est-ce que c'est toujours contre des pays arabes qu'ils partent en guerre ? Le m