Conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), François Heisbourg analyse l’impact des premières opérations de la coalition et les possibles scénarios dans la crise libyenne.
Que pensez-vous de la façon dont procèdent les Alliés militairement depuis samedi ?
La division des tâches est très intelligente. Les Français ont visé des blindés en rase campagne, aux abords de Benghazi, en évitant ainsi les dégâts collatéraux. Depuis, les rebelles se sont avancés de quelques dizaines de kilomètres, car les troupes de Kadhafi ont desserré leur dispositif. Les frappes françaises, qui sont un succès, ont permis de lever l’hypothèque sur la population de Benghazi. De leur côté, les Américains et, dans une moindre mesure, les Britanniques ont attaqué les sites de défense aérienne ; ce qui était absolument nécessaire pour instaurer une zone d’exclusion aérienne digne de ce nom. Sinon, on risque de perdre des avions, notamment de surveillance. L’instauration d’une telle zone n’aurait servi à rien sans les frappes ciblées.
Le colonel Kadhafi promet une guerre longue. Y a-t-il un risque d’enlisement ?
La capacité des rebelles à s’organiser et à se déplacer sera cruciale. Les frappes de la coalition ont pour effet de changer le rapport de forces, en dégradant l’état des unités terrestres de Kadhafi. Les rebelles peuvent, assez rapidement, revenir aux positions qu’ils occupaient avant la contre-offensive des troupes de Tripoli, il y a une dizaine de jours.
Pensez-vous qu’ils en ont la capacité ?
Ils ne seront plus gênés par les avions de Kadhafi et vont pouvoir avancer à l’ombre du parapluie de la coalition. Mais il est vrai que c’est une chose de défendre des villes, et