Soudain, l’œil est attiré par une tourelle de tank et son canon, posés au milieu d’un champ, à droite de la route. Une centaine de mètres plus loin, le reste de la carcasse calcinée. Le blindé a été comme décapsulé par une force herculéenne. C’est la première trace visible des bombardements aériens de la coalition internationale, entrée en action samedi soir, à 35 kilomètres au sud de Benghazi, sur la route menant à Ajdabiya.
Un peu plus loin s'étale un vrai jeu de massacre, une petite armée littéralement pétrifiée par le feu venu du ciel. Une quarantaine de véhicules calcinés, retournés, enchevêtrés dans un champ. Des dizaines et des dizaines de corps de soldats gisent là, morts dans l'instant, certains presque des enfants dans leur treillis trop grands, certains avec la peau très sombre, la moitié. Ils ont été foudroyés par les Rafale français entre 5 et 7 heures du matin. Les insurgés, à 30 kilomètres de là, n'ont rien vu. Mais ils ont entendu des coups sourds. Une petite foule de badauds déambule en prenant des photos au téléphone portable. Certains font les poches de soldats morts, d'autres donnent des coups de pied aux cadavres avant de se faire réprimander par les soldats rebelles : «Ce sont des musulmans quand même, respectez leurs corps !»
Hargne. Sur la route, une foule grossissante de curieux arrive de Benghazi pour voir cette armée en déroute. En sens inverse, des combattants rebelles reviennent triomphants avec les armes flambant neuves p