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Libération
EDITORIAL

Sous pression

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publié le 21 mars 2011 à 0h00

Trois jours après un vote historique du Conseil de sécurité pour empêcher Kadhafi d’écraser dans le sang l’insurrection du peuple libyen, des voix - pour l’instant minoritaires - dénoncent les risques d’une guerre soudaine : l’enlisement militaire, les bavures fatales, les provocations meurtrières de Kadhafi - dont chacun a mesuré l’instinct de survie - ou encore l’éclatement tribal de la Libye, autant de périls brandis comme des appels à la retenue, sinon à l’inaction. Les uns évoquent la Somalie, les autres l’Irak pour prédire le pire à la coalition. Tous affirment, non sans raison, que l’issue d’une guerre est par nature incertaine et qu’on ne la conduit pas avec de bons sentiments.

Le «brouillard de la guerre » ne doit pourtant pas faire perdre de vue quelques vérités, bonnes à rappeler aux adeptes des positions de principe. Cette opération n’aurait jamais vu le jour sans les appels réitérés des insurgés libyens, puis de la Ligue arabe. Laisser Kadhafi assassiner son peuple, c’était envoyer un sinistre message aux dictateurs de la région en leur assurant l’impunité, au moment même où les peuples arabes, dans un élan historique, se battent pour leur liberté. A l’opposé, cette intervention met les régimes autoritaires sous pression, et les pousse à accélérer les réformes, à l’instar de Mohammed VI au Maroc. Enfin, le risque d’éclatement tribal existe par nature dans ce pays artificiel, quand bien même les Libyens se seraient libérés seuls. Ils décideront eux-mêmes de leur d