«Qu'on garde l'ancien empire au pays des antiquités, ça vous étonne ?» Le ton est grinçant, et Amr el-Meliguy est furieux. Son index est encore rose de l'encre fluorescente où il l'a plongé samedi au bureau de vote où il s'est rendu. Du rose pour un geste neuf : «a voté». Cela fait dix jours que cet homme, présent place Tahrir pendant toute la révolution, faisait campagne, plaquant partout des autocollants barrés d'un grand La'a (non). Tout cela pour voir, hier, les premières estimations donner un raz-de-marée pour le oui aux réformes constitutionnelles.
«nouveau masque». Les provinces, une à une ont parlé : 79% de oui à Sohag, 91% à Menoufia, terre natale d'Hosni Moubarak. En fin d'après-midi, seule Alexandrie votait majoritairement non. A l'échelle nationale, 77, 2% pour le oui, selon la télévision publique, avec 41% de participation.
Les réformes font, entre autres, sauter le verrou qui pesait sur les candidatures à l'élection présidentielle ou introduisent une limitation à deux mandats consécutifs. Des mesures certes bien perçues par les opposants, mais qui exigeaient une refonte totale de la Constitution, seul moyen selon eux de rebâtir le pays sur des bases saines. A l'unisson du populaire Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, dont l'appel à voter non n'a manifestement pas été entendu par le peuple. Ou du Prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei, qui n'a eu de cesse de dénoncer la précipitation dans laquelle s'est tenu ce