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Libération

Une rescapée et partout la même couverture

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L’image d’une femme d’Ishinomaki s’est imposée à la une des magazines français et étrangers.
publié le 21 mars 2011 à 0h00

Une jeune femme drapée dans une couverture sur fond de cataclysme. Pourquoi elle ? C'est la question qu'on se pose devant les étals de n'importe quel kiosque. En France - mais le phénomène est identique dans la presse étrangère -, c'est la même photo de cette femme-là qui a envahi la une de pratiquement tous les magazines (Match, le Nouvel Obs, le Point, Pèlerin Magazine…). Une telle unanimité est rare, chaque support de presse, Libération compris, essayant d'ordinaire de singulariser son «traitement» visuel. On détecte à cet égard qu'en recadrant plus ou moins l'image, jusqu'à parfois focaliser l'attention sur le seul visage de la femme, chaque couverture a tenté de créer un semblant de différence. Mais quels que soient ces «arrangements», l'original reste le même. Cette obsession pose autrement la même question. Pourquoi cette photographie fait aussi unanimement l'affaire ?

Son contexte est une esquisse de réponse. Elle a été prise le 13 mars à Ishinomaki, ville japonaise de 163 000 habitants. Le 11 mars, ce port côtier fut submergé par le tsunami. Le 16 mars, le maire d’Ishinomaki a annoncé que 10 000 habitants étaient portés disparus. Ishinomaki est par ailleurs, double peine, située à une centaine de kilomètres au nord-est de la centrale de Fukushima Daichi. Cette jeune femme est donc une rescapée et sa photo a valeur de photo-témoin. Et partant, préposée autant au soulagement qu’à la pitié : elle est vivante, tant mieux pour elle ; nous sommes vivants,