Menu
Libération
Libye, le débat

«Je l’approuve aussi par réalisme politique»

Article réservé aux abonnés
Par Thérèse Delpech Philosophe
publié le 22 mars 2011 à 0h00

Ancienne conseillère d’Alain Juppé pour les questions stratégiques et militaires, Thérèse Delpech est directrice des affaires stratégiques au Commissariat à l’énergie atomique. En 2003, elle avait soutenu l’intervention américaine en Irak.

Approuvez-vous l’intervention en Libye ?

Naturellement. Je l’attendais même plus tôt, mais la diplomatie a son rythme qu’il faut parfois comprendre si c’est le prix d’une opération en coalition avec un mandat international de l’ONU (résolution 1973) et une forte légitimité politique (sommet de Paris). J’approuve cette intervention pour des raisons humanitaires - on ne peut pas laisser massacrer des civils désarmés, avec des chars qui tirent à bout portant, sans appliquer le principe de la responsabilité de protéger, reconnu par l’ONU : je rappelle que le début des frappes contre Benghazi après le soi-disant cessez-le-feu annoncé par Moussa Koussa avait déjà fait près d’une centaine de morts. Je l’approuve aussi par réalisme politique : Kadhafi ayant montré son vrai visage à tous ceux qui croyaient à une «conversion» en 2003, il était devenu un danger pour son peuple, mais aussi pour la région et pour le reste du monde (réseaux terroristes). Lui laisser les mains libres aurait été tout simplement inepte et aurait en outre constitué un signal très dangereux pour les autocrates de tout poil. Ceux-ci doivent savoir qu’il y a des limites à leurs exactions et qu’il arrive que la communauté internationale s’en souvienne et en tire les conséquences.

En 2003, vous aviez soutenu le principe d’une intervention en Irak. Les deux situations sont-elles comparables ?

Non. En Irak, une guerre avait eu lieu e