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TRIBUNE

Une option tactique sans horizon stratégique

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par Par Georges-Henri Bricet des Vallons, Chercheur en science politique, spécialiste des questions de défense
publié le 22 mars 2011 à 0h00

Notre guerre à la Libye est donc déclarée. «Prestige», «grandeur» retrouvés de notre politique étrangère ? Concours d'aveuglement plutôt quand on se penche sur la faiblesse de l'attelage des coalisés, à la teinte très atlantiste : abstention de l'Allemagne, de la Russie, du Brésil, de la Chine et de l'Inde. Fol retournement surtout contre un régime auquel nous proposions il y a peu nos Rafales à l'exportation. On cherche désespérément la constante. L'unisson des superlatifs cache mal l'absence totale de vision stratégique qui semble avoir présidé à cette décision. Quel est le plan du gouvernement français ? Une campagne de bombardement ? Soit. Conjecturons que la coalition parviendra sans mal à gagner la maîtrise du ciel et à couper les lignes de ravitaillement des forces loyalistes avec un minimum de friction, ce qui est sur le point d'être obtenu. Sur le papier, la chose est quasi écrite : ni la flotte de vieux Sukhoï ni la DCA antédiluvienne ne constituent d'obstacles majeurs. Et après ? Les campagnes du Kosovo et d'Irak nous ont appris à quel point les vertus stratégiques de l'AirLand Battle sont limitées. Aucune dictature n'est jamais tombée après une campagne de frappes aériennes. L'opération «El Dorado Canyon» menée par les Etats-Unis en 1986 sur la Libye permet d'en juger.

La zone d'exclusion aérienne est une option tactique, mais où est l'horizon stratégique ? Une telle opération pourrait effectivement entraîner un gel des forces belligérantes et les sanctua