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Libération
Analyse

L’insurrection arabe sur le chemin de Damas

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Plusieurs villes de Syrie se sont révoltées ces derniers jours contre le régime de Bachar al-Assad. Une répression de grande ampleur est attendue.
publié le 23 mars 2011 à 0h00

Le prêcheur de la grande mosquée des Omeyyades à Damas était engagé dans un de ces sermons lénifiants célébrant Aid al-Oum, «la journée de la mère», quand un jeune homme bondit en chaire, lui prit le micro et lui lança : «Pourquoi nous parler de ça en ces circonstances ? Parlez-nous plutôt de la situation politique !» Immédiatement, des moukhabarats (la police politique) se précipitèrent pour arrêter le perturbateur et le traîner hors du sanctuaire.

La scène, survenue la semaine dernière lors de la prière du vendredi et racontée à l’agence Reuters par des fidèles, dépasse largement l’anecdote. En Syrie, elle est en soi un véritable événement tant les imams sont aux ordres, leurs prêches étant souvent rédigés par le pouvoir. Inimaginable il y a quelques semaines, l’incident témoigne que la muraille de la peur, derrière laquelle les Syriens sont enfermés depuis des décennies, a commencé à se déliter.

Même si la situation n'est pas comparable à celle de Bahreïn ou du Yémen, c'est un vent de contestation sans précédent qui souffle sur la Syrie. Pourtant, le régime de Bachar al-Assad pensait jusqu'alors en être préservé. Le 31 janvier, le président syrien assurait haut et fort, au Wall Street Journal, que son pays n'avait rien à craindre de l'agitation qui souffle sur le monde arabe. Les manifestations de ces derniers jours lui ont donné tort.

Féroce. Car, selon nos informations, la situation est autrement plus grave que ne l'indiquent les