Depuis samedi, de fortes explosions secouent Benghazi la nuit. Parfois, elles sont suivies de crépitements d’armes automatiques. Personne, au sein des autorités qui gèrent la ville, n’est capable d’expliquer de quoi il s’agit. D’où viennent ces bombardements ? Qui visent-ils ? Mystère. Ceci n’est qu’un exemple de la pagaille qui règne dans la capitale de la révolution libyenne, alors même que toute menace d’attaque imminente est écartée depuis l’entrée en action, samedi, des avions de la coalition sous l’égide de l’ONU. Les porte-parole autoproclamés de l’insurrection se contredisent l’un l’autre : Ajdabiya serait libéré, ou pas ; l’armée loyaliste aurait attaqué dans la nuit de lundi à mardi, à 30 km à l’est de Benghazi, ou pas ; des cellules dormantes de comités révolutionnaires, la milice politique du régime Kadhafi, seraient encore actives dans Benghazi, ou pas… Tout est à vérifier, recouper.
Dans cette atmosphère d'insécurité et de paranoïa, le leadership révolutionnaire a quasiment disparu, «pour raisons de sécurité». Moustafa Abdeljelil, président du Conseil national de transition, dont la tête a été mise à prix par Kadhafi, n'a plus été vu depuis plus d'une semaine. Les chefs militaires, que ce soit le «ministre» de la Défense, Abdelfatah Younes, ou le «chef d'état-major», Khalifa Haftar, sont invisibles. Pendant ce temps, sur le front, à Ajdabiya, ce sont les chebab (jeunes) qui ont pris la direction des opérations. Pour le troisième jour, hier, ils