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Libération

La lutte des «beurs»

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La médiatisation des crimes racistes des années 1970-1980 révèle aux Français leur xénophobie latente. La seconde génération d'immigrés écrira en « Une » son combat antiraciste.
par Brigitte Martinez
publié le 24 mars 2011 à 17h17

« Je ne suis pas raciste, mais... ». Inutile d'en dire plus : les restrictions sous entendues, les Français les connaissent et beaucoup les partagent. Ils ne sont pas racistes, non, puisqu'ils ne participent pas aux chasses en meutes à l'immigré, condamnent les « ratonnades », la xénophobie policière, les violences, les humiliations et les brimades que rapportent les médias.

Il n'empêche. D'articles en films, le Français se découvre cousin d'un « Dupont Lajoie » qui n'est pas de cinéma. Un cousin « de souche » animé d'un racisme d'autant plus terrifiant qu'il est très ordinaire, nourri d'ignorance et de préjugés.

Le racisme et l'injustice qui touche l'immigré premier arrivé rebondissent sur ses enfants, des fils et filles de France. Mais pas question qu'eux, entrés dans le dictionnaire sous l'appellation « Beur » et « Beurette » se laissent faire. Ils veulent l'égalité et la fraternité promise aux frontons des mairies. Pour l'obtenir, ils poursuivront le combat pour la dignité mené par leur père et lancent la « Marche pour l'égalité ».

Entamée dans l'indifférence en octobre 1983 à Marseille avec une dizaine de participants, elle rassemble plus de 100 000 personnes en décembre à Paris. Les Français, un peu surpris mais majoritairement solidaires, prennent soudain conscience du caractère multiculturel de leur société. SOS racisme naît sur cet élan et continue la lutte, car c'est bien connu : les « Français sont égaux, mais... »


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