Le docteur Oussama Jazwi venait de dépasser un cortège de manifestants, quand la lunette arrière de sa Chevrolet blanche a explosé, hier en plein centre de Benghazi. Badr, son ami assis à sa droite, a porté sa main à l'épaule : du sang coulait. Les deux compères ont foncé aux urgences de l'hôpital Al-Jala. Pendant que Badr reçoit les premiers soins, Oussama Jawzi raconte : «Cela faisait plusieurs jours que des commandants rebelles me disaient que des menaces pesaient sur moi. Ils ne savaient pas d'où ça venait, mais ils m'ont dit de faire attention.» Ce médecin anesthésiste ne fait pas mystère de son engagement au côté de la rébellion : «J'ai soigné les combattants sur le front, à Ras Lanouf, à Brega, à Ajdabiya. Je suis sûr que cette attaque me visait, elle est le fait des Comités révolutionnaires.»
Le seul nom des Comités révolutionnaires, fer de lance du régime Kadhafi, fait encore peur. «Ce sont des gens qui étaient payés pour surveiller, arrêter, terroriser, rançonner, explique Ahmed al-Gallal, un homme d'affaires local. Ils avaient tous les droits.» Il est difficile d'obtenir des informations précises sur la façon dont fonctionnait ce mélange de milice politique et de police secrète. Même si Benghazi est libéré du régime de Kadhafi depuis plus d'un mois, les Comités révolutionnaires continuent de terrifier la ville, où, toutes les nuits depuis une semaine, des combats à l'arme lourde et légère opposent rebelles et miliciens pro-Kadhaf