La catastrophe oblige à penser. Et, on l’espère, à agir. Après le fracas meurtrier du tremblement de terre et du tsunami, après la sidération et l’effroi, la grave crise nucléaire qui frappe aujourd’hui le Japon rouvre des questions qu’on imaginait définitivement tranchées ou totalement taboues. La principale : l’énergie nucléaire est-elle notre destin ? En France, pays nucléarisé à l’extrême, ce débat d’actualité et d’avenir est aussi une page d’histoire où l’on croise De Gaulle, Pompidou et la farouche volonté d’indépendance, y compris énergétique, du pays, le tout baigné dans l’optimisme et le modernisme technologico-administratifs des Trente Glorieuses. A ce titre, nos centrales sont presque des lieux de mémoire de la République et incarnent toutes les composantes d’une mythologie nationale dont on ne discute pas, ou plus, mais devant laquelle on s’incline. Fukushima balaye tout cela et met les scientifiques, les politiques, les citoyens face à leurs responsabilités. Aux scientifiques, l’obligation de penser le progrès à la lumière crue de la catastrophe et non plus seulement du risque. Autant admettre d’entrée que le pire est certain, cela clarifie les idées. Aux politiques, ensuite, la nécessité de donner une chance égale à toutes les énergies, à commencer par celles qui pourraient être alternatives au nucléaire, afin que les choix restent ouverts. Ce qui implique également pour eux, sur ce sujet comme sur les autres, de se projeter sur le temps long, là où triomphent,
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