Chargé d’études à la Compagnie européenne d’intelligence stratégique (CEIS), spécialiste de l’armée de l’air, Olivier Zajec analyse les choix tactiques de la coalition dans son intervention en Libye.
Y a-t-il un risque d’enlisement en Libye ?
Dans ce type d'intervention, on distingue une première phase caractérisée par une abondance de cibles relativement faciles à traiter : les tanks, les batteries antiaériennes, des centres de commandement, et même des troupes qui encerclent des centres urbains tenus par les rebelles. C'est ce qu'on appelle, dans le jargon militaire, des «cibles légitimes». Mais, dès lors qu'existe une imbrication entre combattants et populations civiles, cela devient plus compliqué et il faut faire preuve d'une grande discrimination.
En quoi consiste la seconde phase dans le cas libyen ?
C’est celle où les insurgés doivent entrer en scène. Du point de vue de la dignité et de l’estime de soi, c’est fondamental. Il ne faut surtout pas les frustrer de leur victoire. C’est très important pour l’après-Kadhafi. Ce sont les peuples concernés qui sont les mieux à même de savoir quelle est la solution pour mettre un terme à la crise et établir de nouveaux rapports de force.
Faut-il, du côté de la coalition, exclure toute idée de déploiement au sol pour emporter la décision ?
Le recours à la puissance aérienne est crucial pour égaliser les forces entre les pro-Kadhafi et les insurgés. Mais on ne peut pas aller beaucoup plus loin. C’est aux acteurs locaux de prendre en main leur destin et d’établir eux-mêmes leur stratégie. Les Occidentaux ne doivent surtout pas répéter les erreurs commises en Afghanistan, où ils auraient dû se retirer après avoir dégagé la