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reportage

Dans la manif pro-régime à Damas: «Si l'Etat s'écroule, il y aura des rivières de sang»

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Manifestation de soutien au président Bachar al-Assad, le 29 mars 2011 à Damas. (© AFP Anwar Amro)
publié le 29 mars 2011 à 17h10
(mis à jour le 30 mars 2011 à 9h26)

Les policiers ont sorti leurs plus beaux uniformes. Ils contemplent, bienveillants, un ado torse nu perché sur une statue au milieu de la place Youssef al-Azmeh. Le garçon harangue la foule: «Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout!» Tout le monde reprend en chœur. Jeunes, vieux, chrétiens, musulmans, femmes maquillées, hommes gominés.

La manifestation a commencé tôt. Les partisans du régime ont battu le rappel la veille. Certains ont passé leur journée au téléphone pour convaincre leurs familles, leurs amis, leurs collègues. Il faut montrer que le président est soutenu par le peuple syrien.

Devant la banque centrale, à Damas, ce mars 29 mars (Reuters)

Soudain, les haut-parleurs diffusent de la pop syrienne et un groupe improvise tout de suite un debke, une danse traditionnelle arabe. Quand un hélicoptère vrombit au-dessus, la foule l'acclame.

Damas est radieuse pour son président, le héros de la manifestation. Bachar al-Assad est partout. Sur les voitures fraîchement nettoyées, sur les minibus pétaradants, sur la banque centrale.

«Nous avons besoin de temps»

Une jeune avocate discute avec ses collègues. Souhaitant garder l'anonymat, elle affirme aimer son président. «C'est vraiment un type bien, assure-t-elle, un large sourire aux lèvres. La Syrie a vraiment besoin de lui, même si on veut plus de libertés, plus de démocratie, bien sûr. Mais notre régime, c'est comme un arbre avec de profondes racines. On ne va pas l'arracher en un jour. Nous avons besoin de temps.»

Devant elle, un groupe de scouts passe avec des tee-shirts blancs, portrait de Bachar