Le poste-frontière de Dhéhiba, comme affaissé dans un décor de western au milieu de tables ocre de 100 mètres de haut, est désert. Entre deux canyons, la route vers Nalout, le pays berbère libyen sous contrôle des insurgés. Le revêtement est balayé par le sable et puis ce silence incroyable. Ici rien ne passe, ni hommes ni marchandises, depuis sept jours. «Les Libyens ont coupé l'accès. Ils ont supprimé la douane, et l'armée tient le poste», dit ce gradé tunisien. Côté libyen, on aperçoit des véhicules surmontés de bitubes antiaériens. Des hommes en treillis se cachent derrière le béton d'une casemate. Derrière eux, le djebel Nefoussa, qui culmine à 700 mètres sur 160 kilomètres. Plein est, à 200 kilomètres, Zintan, où les insurgés défendent la ville encerclée par les troupes du colonel Kadhafi.
Rien ne transite à Dhéhiba, officiellement. Sauf les combattants blessés en provenance de Zintan par une piste qui fuit dans la montagne. «Depuis jeudi les convois parallèles qui viennent de Zintan passent par le désert. Les militaires tunisiens ferment les yeux et tamponnent même les passeports des blessés en sachant que toutes ces voitures ont pris le chemin de la contrebande», raconte Abdallah, la cinquantaine, qui avec une dizaine de frontaliers tunisiens favorables à l'insurrection a mis en place «une logistique pour accueillir les blessés de Zintan». Depuis une semaine, des ambulances déposent des combattants blessés au front à Dhéhiba, petite ville de