Des milliers de Tunisiens, puis des Somaliens, des Erythréens et des Libyens. Depuis le début des révoltes arabes, de l’intervention internationale contre Kadhafi et de la disparition du contrôle des frontières maritimes sur une bonne partie de la rive sud de la Méditerranée, Lampedusa est redevenu pour plus de 20 000 immigrés l’espoir et le verrou d’entrée privilégié en Europe.
Au point de transformer la petite île italienne en poudrière, où s'est rendu hier en urgence le président du Conseil, Silvio Berlusconi. Alors qu'une partie de l'opposition de gauche soupçonne son gouvernement d'avoir délibérément laissé pourrir la situation sur place, ils étaient encore 6 200, mardi matin, à s'entasser dans le centre de premier accueil, sur les quais ou dans les rues. «C'est une bombe à retardement», a mis en garde le maire de Lampedusa, alors qu'il n'y avait plus assez d'eau et de nourriture pour tous les migrants. Devant la détérioration des conditions sanitaires et d'hygiène, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, Laura Boldrini, a jugé que «la situation [devenait] insupportable». Après avoir fourni des vivres et des couvertures aux arrivants pendant des jours, une partie des 5 300 habitants de l'île commence à exprimer sa lassitude.
«Poisson frais». Berlusconi a donc débarqué hier avec un cortège de déclarations et de promesses spectaculaires. Révélant qu'il venait d'acheter, par solidarité, une maison sur place, le