En 1868, le Japon a décidé de s’ouvrir vers l’extérieur. De l’ère du Meiji a découlé un pacte national déterminant, toujours valide : d’un côté, le maintien des traditions religieuses, culturelles et familiales et le respect de l’autorité qui garantissent la cohésion nationale; de l’autre, un engagement très volontaire dans la modernité technologique. La défaite de 1945 n’a pas remis en cause ces fondements et, dans la période récente, le Japon a été en pointe dans les domaines de l’automobile, de l’électronique, de la robotique, mais aussi dans le développement de l’énergie nucléaire malgré les drames de Hiroshima et Nagasaki. Ce fil historique a été lourdement présent dans la catastrophe de Fukushima : l’insuffisance des sécurités, la crainte du désordre et des risques jusqu’à en minimiser la gravité. Cela pointe la dramatique faiblesse des contre-pouvoirs au Japon.
Le développement du nucléaire en France puise aussi dans un traumatisme historique. De la défaite en mai 1940, l’analyse tirée à gauche et à droite fut un constat de faiblesse du dynamisme du capitalisme national, peu porté à l’investissement productif. En réponse, le Conseil national de la résistance prescrit un Etat industriel et la constitution d’une élite constituée de corps d’Etat pour diriger l’administration et les grandes entreprises mais aussi occuper des postes de direction dans les partis politiques. La volonté d’accéder à l’arme atomique va servir de tremplin au nucléaire civil. La centralisation de