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Portrait

Laurent Gbagbo, l’espoir déçu d’une génération de démocrates

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L’opposant historique de Houphouët-Boigny a terminé dans le sang un mandat entamé dans la violence.
publié le 6 avril 2011 à 0h00

C’était hier, autant dire il y a une éternité. Dans les années 1990, Laurent Gbagbo a représenté un immense espoir, celui de la démocratisation de l’Afrique francophone. A l’époque, l’Ivoirien ne pouvait pas se déplacer dans la région sans être acclamé par des hordes d’enfants, de jeunes et de moins jeunes. Tous voyaient en ce fils de policier, ancien combattant durant la Seconde guerre mondiale sous les couleurs françaises, une figure majeure de l’opposition ivoirienne. Mais aussi la promesse d’une possible alternance et d’une relève politique qui irait bien au-delà des frontières de la Côted’Ivoire.

Forceps. En 2000, après des années de combat politique acharné, cet historien alors âgé de 55 ans, ancien syndicaliste et fondateur du Front populaire ivoirien (FPI), prenait le pouvoir à Abidjan. Mais dans des circonstances qu'il a lui-même qualifiées de «calamiteuses». Alassane Ouattara avait été exclu de la course pour «défaut d'ivoirité» et Gbagbo a dû s'imposer au forceps face au général Robert Guéï. Auteur du premier coup d'Etat militaire de l'histoire du pays, ce dernier contestait la victoire de l'opposant. Laurent Gbagbo, qui avait tâté de la prison sous le régime de parti unique de Félix Houphouët-Boigny (au pouvoir de 1960 à 1993), risquait de voir échouer le combat de toute une vie. Fort de sa grande popularité, il mobilise la rue. Des hordes de jeunes déferlent des campus, des lycées et des quartiers populaires pour en découdre avec les for