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Libération
Reportage

Sendai, la vie tant bien que mal

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La ville, touchée de plein fouet par le tsunami, émerge au milieu d’un champ de ruines. Ceux qui en ont le courage commencent à reconstruire.
publié le 8 avril 2011 à 0h00

Sur des dizaines de kilomètres, c'est la même impression. Le bord de mer de Sendai a été atomisé par les forces marines. Par la première vague du tsunami - haute de sept à vingt mètres selon tel ou tel point de la côte -, puis par six autres, énormes, de sept à huit mètres. «Depuis notre refuge, du haut du piton rocheux, nous avons vu arriver le tsunami. Une grande vague. Elle est passée au-dessus du phare, là-bas. Nous avons vu notre maison se faire ballotter, être détruite sous nos yeux. Au total, il y a eu sept vagues. C'était effrayant», témoigne, la voix cassée et les mains tremblantes, Saito san, un vieux pêcheur dont la baraque de bois, aujourd'hui en morceaux, n'est qu'à quelques mètres du petit port de la baie de Yoshida Hanabuchihama, un district de la municipalité de Shichigahama. Une ville connue pour ses cultures d'algues et née de la réunion de sept anciens villages au nord de Sendai.

Outre-tombe. Il y a plus d'un siècle, en 1889, 4 000 Japonais vinrent s'installer ici, artisans, cultivateurs, pêcheurs ou personnes portées sur la construction de canaux, de digues et de ponts reliant les îles et presqu'îles du coin. Les hommes surent très tôt que la côte était en permanence menacée, exposée aux caprices de la mer. Shichigahama n'a cessé de se faire balayer par les tsunamis, en 1913, 1933, 1937, puis encore dans les années 50, 60 et 70. «Il y a trente ans, raconte Saito san, je l'avais déjà échappé belle. Je pêchais en mer, q