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Libération
Éditorial

La Sécession fait l’union

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publié le 9 avril 2011 à 0h00

Les fans d'Autant en emporte le vent (le film) connaissent par cœur deux répliques capitales : «Non, Miss Scarlett, pas les rideaux» et «Demain est un autre jour». La première dit la dégradation du «vieux Sud». La seconde est un message d'avenir radieux. Autant en emporte le vent n'est pas la seule référence à la guerre de Sécession, loin s'en faut. C'est néanmoins un film «fédérateur» pour les Américains, une manière vertueuse de se faire pardonner l'esclavage, puisque tout se passe du côté des Sudistes, posés en victimes, et si bons avec leurs Noirs.

Rien de tel qu'une guerre civile pour nouer les liens d'une nation ! Dont les Etats-Uniens n'ont pas l'apanage : l'Europe a eu son lot, les pays arabes sont en train de les découvrir. L'Afrique noire, elle, est toujours «mal partie», comme disait l'agronome René Dumont. De là à parler de «bonne guerre», il n'y a qu'un tout petit pas. L'expression a fait florès à la fin des années 60, quand la jeunesse explosa un peu partout dans le monde. A ces baby-boomers révoltés, les aînés menaçaient hélas sérieusement : «Il vous faudrait une bonne guerre.» Les Etats-Unis cultivent cependant une singularité : la guerre planétaire. «Gendarmes du monde», dit-on de cette spécialité qui arrange ou contrarie, selon le lieu, l'instant et le côté où l'on se place dans le conflit. A sa mesure, Sarkozy joue le même film, obéissant à Clemenceau : «Il est plus facile