Dans sa main, deux balles. A ses pieds, du sang a séché au milieu des éclats de pavés. Avec sa bouche il mime le bruit des rafales qui, deux heures durant, samedi à l'aube, ont secoué Tahrir. Des violences qui ont fait au moins un mort et 71 blessés. Plus de 40 personnes ont été arrêtées. Depuis, Ahmed, 25 ans, n'a quasiment pas bougé de la place. «On manifestait en criant salmeya,[«pacifique», ndlr] ! Et ils nous ont attaqués et tiré dessus», répète-t-il, près de la carcasse calcinée d'un véhicule de l'armée. Mais qui, ils ? Pour l'immense majorité des Egyptiens, cette armée, si populaire, n'a pas pu tirer sur les manifestants, mais uniquement en l'air. Ceux qui étaient sur la place dénoncent pourtant la charge des militaires, armés de matraques et de Taser. Les vidéos diffusées sur Internet sont impressionnantes.
Complot. L'armée, elle, a nié avoir fait usage de la force et a imputé les violences aux manifestants. Et, renforçant l'hypothèse d'un complot contre-révolutionnaire, elle demande l'arrestation d'Ibrahim Kamel, un ponte du Parti national démocrate d'Hosni Moubarak, déjà accusé d'avoir payé des nervis pour attaquer la foule pendant la révolution.
Vendredi, ce sont plus de 100 000 personnes qui s’étaient réunies sur la place, pour une «journée de la purge», réclamant l’accélération de la transition à un pouvoir civil, le procès d’Hosni Moubarak, et celui de toutes les personnalités de l’ancien régime. La plus grosse mobilisation depuis la chu