François Fillon a reçu le président serbe Boris Tadic, le 7 avril, au lendemain de l’anniversaire du siège de Sarajevo, qui dura quarante mois de 1992 à 1996. Pendant ce temps, à Vienne, le général Jovan Divjak, illustre artisan de la défense de la ville, attendait l’examen de la demande d’extradition lancée à son encontre par Belgrade.
Au-delà d’un cas personnel, c’est l’établissement de la vérité et l’administration de la justice que les nationalistes serbes cherchent à troubler à travers cette procédure. Arrêté par la police autrichienne, puis relâché après versement d’une caution de 500 000 euros, ce militaire d’origine serbe, qui a voué sa retraite à une fondation en faveur des orphelins de guerre, eut le courage de quitter l’armée populaire yougoslave (JNA) dès qu’elle s’égara dans la «purification ethnique», et de rejoindre l’état-major bosniaque. Il est accusé d’avoir ordonné un assaut contre un convoi de la JNA… dont il s’efforçait justement d’assurer la sécurité, le 3 mai 1992, rue Dobrovolja?ka.
Son rôle fut en réalité celui d’un médiateur tâchant de faire taire les armes. Un reportage largement diffusé le montre exposé aux balles, sur le blindé des Nations unies abritant le président bosniaque Alija Izetbegovic et sa fille Sabina, otages des forces serbes, s’écriant «Ne tirez pas !» Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a statué sur son dossier en 2003, estimant les poursuites infondées. En novembre, Interpol a décidé d’interrompre la diffusion des