Le meurtre atroce de mon fils Juan Francisco, celui de Julio Cesar Romero Jaime, de Luis Antonio Romero Jaime et de Gabriel Anejo Escalera s’ajoute à ceux de tant de jeunes gens et de jeunes filles assassinés aux quatre coins du pays. Assassinés non seulement par la guerre déclenchée (en 2006) par le gouvernement Calderón contre le crime organisé, mais aussi par le pourrissement qui s’est emparé du cœur de cette - si mal nommée - classe politique qui a perdu jusqu’au sens de l’honneur.
Dans cette lettre, je ne parlerai pas des vertus de mon fils - elles sont immenses - ni de celles des jeunes gens que j’ai vus s’épanouir à ses côtés, étudier, jouer, aimer, grandir pour servir ce pays que vous avez déchiré. Cela ne servirait à rien d’en parler, cela ne ferait qu’accabler un peu plus les citoyens dont les cœurs sont déjà affligés jusqu’à l’indignation par ces assassinats. Je ne veux pas parler non plus de la douleur de ma famille ni de la souffrance des familles de tous ces êtres détruits. Il n’existe pas de mots pour décrire cette douleur et seule, peut-être, la poésie pourrait l’évoquer mais vous ne connaissez rien à la poésie. Alors ce que je veux vous dire tout simplement, aujourd’hui, […] c’est que nous n’en pouvons plus.
Nous en avons ras-le-bol de vous, les politiques - et je ne vise aucun de vous en particulier mais pense à une bonne partie d'entre vous, y compris ceux qui composent les partis. Dans vos luttes pour le pouvoir, vous avez déchiré le tissu de la nation ; au