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Libération

«L’enlisement» et l’ignorance de l’histoire

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publié le 13 avril 2011 à 0h00

Pas possible ! Incroyable ! Stupéfiant ! Le printemps arabe n’a pas immédiatement enraciné la démocratie de Rabat à Ryad et les interventions internationales en Côte-d’Ivoire et en Libye n’ont pas aussitôt débarrassé ces pays de Laurent Gbagbo qui aura mis longtemps à se rendre et de Muammar Kadhafi qui, lui, est encore en place.

On ne l’aurait vraiment pas cru, n’est-ce pas, et qu’il soit feint ou réel, cet étonnement est absurde. Rampant, montant, il fait entendre trop d’inculture ou d’aveuglement politiques, d’ignorance de l’histoire, d’illusions sur la possibilité que le changement se fasse d’un jour à l’autre et, surtout, un vrai conservatisme, froid et pusillanime, qui aurait préféré le maintien d’un statu quo détestable aux lenteurs et incertitudes de sa rupture.

«L’enlisement», comme on dit, ce n’est pas qu’un dictateur ubuesque et un Président coupable d’avoir ressuscité une guerre civile en refusant sa défaite électorale ne soient pas tombés à la minute, comme des fruits mûrs. Ce n’est pas non plus que la jeunesse du Caire découvre que l’armée égyptienne n’était pas totalement de son côté ou que le régime syrien résiste, à balles réelles, à des manifestants dont le courage laisse pantois. L’enlisement, c’eut été que le colonel Kadhafi ait été libre de noyer Benghazi dans le sang, que Laurent Gbagbo ait pu s’asseoir sur une élection dont sa camarilla était seule à contester le résultat et que persiste, dans les mondes arabes, le face-à-face mortifère entre dictatures