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Libération
Reportage

Encore groggy, Abidjan essaye de renouer avec un semblant de vie

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La présence de pillards armés dans certains quartiers ralentit un retour à la normale.
publié le 14 avril 2011 à 0h00

Deux jours après la reddition de l’ancien président Laurent Gbagbo, Abidjan se remet à vivre. A un petit rythme qui diffère de quartier à quartier. De Cocody, zone huppée qui abrite la résidence présidentielle, aux secteurs sud situés près de l’aéroport, la circulation est pratiquement inexistante. On voit cependant quelques taxis qui attendent le chaland, d’autres qui roulent, ainsi que des minibus surchargés qui ont repris du service.

La vie, en fait, se concentre dans chaque quartier. C’est là que des files se forment le matin devant les rares boulangeries et magasins ouverts. L’activité est moindre sur les grandes rues que dans les ruelles. Le Plateau, l’arrondissement des ministères, fait figure d’exception. Il est totalement vide. Personne n’ose s’y aventurer. Sauf les pillards, souffle le chauffeur de taxi.

Bourrade. Soudain, une soixantaine de véhicules déboulent en trombe dans le secteur de Treichville, un des quartiers méridionaux, très mélangé politiquement et ethniquement, où la bataille d'Abidjan a fait de nombreuses victimes. Un incroyable attelage : des pick-up surmontés de mitrailleuses, des voitures et même des taxis dont débordent des hommes en treillis. Seul l'un d'entre eux se risque à lâcher une rafale. Il reçoit immédiatement une bourrade de la part de son voisin : «Tu as oublié les consignes. Les tirs, c'est fini !» Des dizaines de badauds se rassemblent dans la rue et applaudissent à tout rompre le cortège.

«Nous sommes sauv