Sur l’écran de télévision, un uniforme noir flanqué d’un képi aide une petite fille à traverser la rue. Musique, violons. Une escouade de policiers encadre ensuite la joie des supporteurs de l’équipe nationale de football, puis un homme sur une vedette flanquée de l’aigle égyptien saute à l’eau pour sauver un adolescent en train de se noyer. Le message publicitaire, régulièrement diffusé aux heures de grande écoute par les télévisions, est clair : la police, cible de la colère populaire aux premières heures de la révolution, est de retour, cette fois débarrassée des plaies de l’ancien régime : la corruption, la brutalité, l’impunité.
Incarnation des dérives du système sécuritaire mis en place par l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adly, aujourd’hui derrière les barreaux, la police avait brutalement quitté les rues du Caire dès le 28 janvier, laissant à l’armée le soin de prendre en main la gestion du pays. Une tâche dont les militaires se sont acquittés, appuyés par les milices citoyennes qui ont organisé la sécurité des quartiers, et même réglé la circulation pendant toute la révolution. Un rôle ingrat pour lequel les militaires, peu habitués à traiter avec les civils, ont rapidement montré leurs limites.
Excédés. Mais le retour de la police a du mal à se faire. Il est encore timide et progressif. Sur la corniche du Nil, brusquement décrétée à double sens par des automobilistes pressés, des citoyens s'époumonent, excédés ; «Mais où est la shorta [l