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Libération

Bébés de mères porteuses bloqués à la frontière

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publié le 15 avril 2011 à 0h00

«Nous sommes à bout de nerfs, nous ne savons plus quoi faire.» Une voix qui sanglote, des mots qui peinent à sortir. L'aventure promettait pourtant d'être belle. Après douze ans d'attente, ce couple de Français allait enfin pouvoir avoir des enfants… par le truchement d'une mère porteuse. C'est ce que promettaient l'annonce sur Internet et les sourires rassurants d'Albert Mann, le directeur de la clinique Biotexcom, basée dans un pavillon discret des hauteurs de Kiev. Mais le conte de fées a viré au cauchemar. «Depuis un mois, nous sommes avec nos filles en Ukraine, mais nous ne pouvons pas les ramener en France, elles n'ont aucun papier d'identité, elles sont apatrides.»

En Ukraine, la gestation pour autrui est légale et le marché est en plein boom. Une vingtaine de cliniques privées ont ouvert ces dernières années. Les clients affluent de toute l'Europe et même des Etats-Unis. «Une femme qui aide une autre femme, quoi de plus beau ?»philosophe Albert Mann. Certainement l'argent. Les tarifs sont attractifs pour les Occidentaux : de 15 000 à 30 000 euros en fonction de l'établissement, «pour l'ensemble du processus, de la grossesse, jusqu'à l'obtention de papiers d'identité». Une publicité mensongère car, selon la loi française, seule la femme ayant accouché est considérée comme la mère biologique de l'enfant. Et les actes de naissance distribués avec complaisance par les autorités ukrainiennes, qui certifient que les nourrissons s