Un homme en maillot de corps, regard hagard et triste, visage marqué par la fatigue. Une femme échevelée, les yeux irrigués de sang, perdue face à une sorte de fin du monde, à la fin de son monde. Tous deux sont assis sur un rebord de lit, entourés d’un attelage hétéroclite de personnes debout. Ils sont ainsi précaires, surplombés et encadrés, tels des criminels, ou des enfants ayant commis une grosse bêtise, on ne sait plus trop. L’important est de montrer en image ce qu’est la déchéance en politique. D’illustrer une chute finale. Et pour cela d’exhiber des corps, des regards. Ne pas se contenter de retracer et d’analyser le délitement d’une carrière entamée comme espoir du renouvellement des élites en Côte-d’Ivoire, et terminée par un refus de jouer jusqu’au bout le jeu d’élections démocratiques.
Informer sur du politique par du contenu politique ne saurait suffire. Serait-ce trop ennuyeux ? Pas assez convaincant ? On ne sait pas. Mais en tout cas il faut aller plus loin, donner à voir le pathétique des acteurs eux-mêmes, et pas seulement de leur attitude politique. Montrer que c’en est fini de leur grandeur, de leur pouvoir. Que ces personnages ne méritaient décidément pas la place qu’ils occupaient encore quelques instants auparavant. Des êtres dont il faut à la fois légitimer et savourer la déchéance en diffusant en boucle une image aussi abaissante et humiliante que possible. Des êtres déshumanisés, comme l’avaient été les corps gisant au sol des époux Ceausescu en 1989