Samedi 9 avril, des tirs d'armes lourdes visent l'hôtel du Golf, le QG d'Alassane Ouattara à Abidjan. Moins de quarante-huit heures plus tard, les forces loyales au nouveau président ivoirien s'emparent de Laurent Gbagbo dans sa résidence de Cocody. Un tel retournement de situation n'aurait pas été possible sans l'aide décisive de l'armée française. Jusqu'où ont été les soldats de la force Licorne ? Libération reconstitue le puzzle d'une intervention contestée.
Dimanche 10 avril, 16 h 45 (heure d’Abidjan)
Trop, c’est trop ! En cette fin d’après-midi, des hélicoptères entament dans le ciel d’Abidjan un ballet qui va durer plus de six heures. Les deux MI-24 de l’Onuci (Opération des Nations unies en Côte-d’Ivoire), pilotés par des Ukrainiens, et ceux de la force française Licorne (quatre Gazelle appuyés par un Puma) vont traquer méthodiquement les pièces d’artillerie et les tanks de Gbagbo, le président sortant qui résiste dans son «bunker» de Cocody. Ils agissent en vertu de la résolution 1975 de l’ONU votée fin mars à l’initiative de Paris, et qui interdit l’usage d’armes lourdes à Abidjan.
Les jours précédents, le camp Gbagbo a humilié l’adversaire et les forces internationales (dites «impartiales») qui le soutiennent. Jeudi, Ouattara avait annoncé l’instauration d’un blocus autour de la résidence de Cocody. Samedi, il était bombardé. Le QG de l’Onuci, au Plateau, est lui aussi attaqué, de même que la résidence de l’ambassadeur de France, Jean-Marc S