Petit rappel des faits : si Gbagbo a perdu le pouvoir, ce sont les électeurs ivoiriens qui en ont décidé librement. Mais sans l’intervention de la France, comme le montre notre reconstitution de l’opération, les forces du président Ouattara n’auraient jamais pu le capturer. Et aujourd’hui, des détachements communs aux armées ivoirienne et française patrouillent dans les rues d’Abidjan.
Ainsi va la Côte-d’Ivoire, formellement décolonisée depuis le 7 août 1960. Alassane Ouattara, accusé par ses ennemis jouant du poison de l’ivoirité d’être l’homme de l’étranger, doit au plus vite confirmer son indépendance. Est-ce vraiment utile que Sarkozy l’appelle trois fois par jour et le fasse savoir ?
Le premier test de son affranchissement sera le sort réservé à son ennemi vaincu, à ses partisans et électeurs. Le président Ouattara et l’ONU doivent clarifier au plus vite les bases juridiques de l’arrestation du couple. En dix ans de règne, le dictateur ivoirien et ses milices ont multiplié les exactions. Et l’autre camp est loin d’être innocent.
Il reste que c’est aux Ivoiriens de décider de quelle juridiction, nationale ou internationale, Gbagbo sera passible. C’est aux Ivoiriens de tracer le chemin difficile entre le devoir de mémoire et la réconciliation, entre la justice et la nécessité de vivre ensemble. La communauté internationale, la France notamment, s’est déjà trop mêlée des affaires ivoiriennes. Ce président pour une fois légitime doit inventer une nouvelle indépendance pour son