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Libération

Mohammed VI tente de revenir en grâce

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Le monde arabe en ébullitiondossier
Maroc . Le roi a libéré plusieurs prisonniers politiques, hier, à une semaine d’une nouvelle manifestation.
publié le 15 avril 2011 à 0h00

Encore une fois, Mohammed VI prend les devants. Alors que le «mouvement du 20 février» a prévu une nouvelle marche pour demander la libération de tous les détenus politiques mercredi, le ministère de la Justice a annoncé hier 96 libérations immédiates, 41 allégements de peine et 53 libérations provisoires. Le tout sur décision du roi.

Parmi les libérations, Chakib el-Khyari, un militant des droits de l’homme derrière les barreaux depuis deux ans. Officiellement, il avait été condamné pour avoir perçu 200 euros illégalement. Officieusement, c’est pour avoir dénoncé l’implication d’hommes politiques dans le trafic de cannabis.

La grâce royale concerne également cinq membres d'un parti islamiste et un journaliste, condamnés en juillet à dix ans ferme pour avoir «formé une cellule terroriste […] visant à renverser le gouvernement». Leurs avocats et de nombreuses associations ont plaidé l'absence de preuves et de liens avec le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, emprisonné pour avoir dirigé ce réseau extrémiste. Enfin, trois indépendantistes sahraouis accusés d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» après un voyage dans les camps du front Polisario de Tindouf en 2009 ont bénéficié d'une liberté provisoire.

Avec ces grâces, le monarque fait coup double. A l'extérieur, il montre sa volonté de rectifier le tir sur les droits de l'homme : le Maroc a été régulièrement épinglé pour l'absence d'indépendance de sa justice quand il s'agit de juger des islamistes, des indépendanti