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Libération

Le spectre de la répression des années 80 agité par le pouvoir

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Bachar al-Assad, qui semble avoir peu de prise sur ses services de sécurité, souffle le chaud et le froid.
publié le 16 avril 2011 à 0h00

La délégation de la ville de Deraa, qui a rencontré mercredi Bachar al-Assad, est allée de surprise en surprise. «Je n'étais pas au courant [des événements]», leur a d'abord déclaré le chef de l'Etat syrien. Puis, toujours à leur grande surprise, il a ajouté : «Je ne suis pas fâché que vous ayez cassé la tête de mon père [la statue de Hafez al-Assad, ndlr].» Ensuite, il leur a fait des promesses : celle de juger les auteurs des tueries qui ont fait quelque 130 morts à Deraa et dans les alentours - ce qui reviendrait à inculper son frère Maher qui a dirigé les assauts de la police contre la ville - et celle de libérer tous les prisonniers. Visiblement, il y a du Janus dans la personnalité présidentielle tantôt conciliante, tantôt menaçante. Dans un précédent discours tenu devant le Parlement, il avait évoqué des «mains étrangères» pour expliquer la révolte et campait dans une attitude de défiance. Depuis l'entrevue, les membres de la délégation de Deraa sont perplexes. Le Président est-il sérieux ou s'est-il moqué d'eux ?

En tout cas, l'impression qui prédomine en Syrie est que le chef de l'Etat n'est guère l'homme de la situation.«Il ne peut rien réformer, car il n'a pas de prise sur les services de sécurité», souligne un universitaire syrien qui a requis l'anonymat. «Il est otage du système tout en étant le représentant de ce même système. Il en est donc responsable», ajoute un analyste libanais.

«Chaotique». La le