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Libération

A qui profite le crime de lèse-majesté ?

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publié le 18 avril 2011 à 0h00

Pas une semaine ne se passe en Thaïlande sans que de nouvelles mesures soient décrétées, le plus souvent par l'armée ou la police, pour protéger la monarchie. A croire que «l'institution», comme le disent pudiquement les commentateurs, est l'objet d'attaques multiples et vicieuses.

A la mi-avril, le chef de l'armée, le général Prayut Chan-Ocha, a intenté une série de procès en lèse-majesté contre plusieurs leaders du mouvement antigouvernemental des Chemises rouges. Ceux-ci auraient évoqué dans des discours le rôle de deux «régiments de garde royaux» dans la répression brutale des manifestations de l'an dernier. Quelques jours après, le Centre opérationnel pour la sécurité intérieure, une agence militaire, a annoncé la mise en place d'un strict contrôle sur les programmes des radios locales et les sites Internet pour déceler les attaques contre la monarchie.

La loi punissant le crime de lèse-majesté d’une peine comprise entre trois et quinze ans de prison est pourtant strictement définie : elle réprime les insultes et les menaces contre le roi, la reine et l’héritier du trône. Mais, depuis le coup d’Etat de 2006, une dérive est de plus en plus apparente : tout ce qui a trait de près ou de loin à la monarchie semble devenu intouchable. Ainsi, la directrice d’un site Internet comparaît devant le tribunal pour n’avoir pas retiré suffisamment vite du site des commentaires de lecteurs jugés offensants pour la monarchie. Critiquer une école bâtie sur un terrain don