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Libération
Reportage

«Coco», le dissident qui défie Castro

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Guillermo Fariñas, le journaliste d’opposition cubain, multiplie les grèves de la faim et les actions d’éclat contre le régime de La Havane. Fort d’un petit réseau d’activistes, il croit son heure venue.
par Jean-Arnaud MISTRAL, Envoyé spécial à Santa Clara (Cuba)
publié le 18 avril 2011 à 0h00

Ce jour-là, à l'entrée du domicile de l'«Ennemi numéro 1» des frères Castro, pas de gardes mais une caméra de surveillance. C'est une maisonnette ordinaire, jaune délavée, sise au 615 A, de la rue Alemán, dans une voie défoncée du quartier de «La Chiruza». Une zone déshéritée de Santa Clara, à l'image du reste de cette ville de l'intérieur de l'île, associée au souvenir de Che Guevara car choisie par le régime pour héberger son gigantesque mausolée. Une «petite ville bien tranquille», disent les guides du pays, qui, ces temps-ci, bruit pourtant d'une sourde colère.

Guillermo Fariñas, 49 ans, a des faux airs du Mahatma Gandhi : crâne rasé, regard intense - quasi hypnotique - surplombant un corps décharné. Ses fines jambes flottent dans un pyjama bleu à rayures. Il parle avec difficulté, tousse fréquemment : une thrombose à la jugulaire et au bras gauche, un cœur fragile, des poumons qui crachent depuis l’époque où il servait dans les troupes spéciales de Fidel Castro, l’obligeant à renoncer à la carrière militaire pour des études de psychologie, avant de choisir le journalisme irrévérencieux.

A ces séquelles s’ajoutent celles de ses grèves de la faim à répétition : vingt-cinq depuis 1995 ! Sa vieille mère, une ancienne infirmière, lui impose un strict régime d’antibiotiques, d’aspirine et d’expectorant. Elle semble bien plus inquiète que son fils à chacune de ses fréquentes poussées de fièvre.

Lui semble ignorer son propre affaiblissement pour ne voir que celui du pouvo