A la catastrophe s’ajoute désormais le supplice. Les Japonais ont appris ce dimanche une vérité jusqu’ici indicible, en forme d’aveu, de la bouche même du président de la compagnie électrique Tepco : il faudra trois mois encore pour réussir à limiter le niveau des émissions de radioactivité et neuf interminables mois pour reprendre le contrôle des réacteurs fous de Fukushima que nul ne peut approcher aujourd’hui. Le drame n’en finit plus, l’urgence s’éternise. Jamais le sentiment d’abandon n’aura été aussi fort parmi les survivants de la région et les 80 000 déplacés qui ne savent toujours pas s’ils pourront un jour rentrer chez eux. Il aura donc fallu attendre un mois pour entendre les officiels reconnaître que la gravité de cet accident nucléaire égalait en intensité celle de Tchernobyl, et cinq semaines pour que ces mêmes responsables admettent leur impuissance à court et moyen terme.
L’échelle du temps se précise enfin : un an pour colmater les brèches (et à condition que la Terre se calme), vingt ans pour démanteler la centrale, trente ans pour diminuer de moitié les radiations du césium 137 et probablement une génération pour réinventer le modèle économique et énergétique de la troisième puissance mondiale. Ce compte à rebours ne concerne pas les seuls Japonais, mais bien toutes les grandes puissances. Les chercheurs les plus sérieux l’affirment, il faudra au moins trois ou quatre décennies pour bâtir une alternative réaliste à l’énergie atomique.
Nul n’en a donc fini av