C’est un triste tournant dans l’histoire de la Hongrie postcommuniste. En faisant adopter, aujourd’hui, une nouvelle Constitution par sa majorité de droite ultraconservatrice (Fidesz et chrétiens-démocrates), qui dispose des deux tiers au Parlement, le Premier ministre Viktor Orbán ne se contente pas de changer le nom de la «République hongroise» en «Hongrie». Il abandonne les principes fondamentaux d’un Etat de droit et ce, au moment même où il assume la présidence tournante de l’Union européenne.
La nouvelle Loi fondamentale en appelle à Dieu, à la Sainte Couronne de Hongrie, à la patrie… Sans oublier la famille et le mariage, «l'union entre un homme et une femme». On n'en attendait pas moins d'une droite incarnant une «majorité morale» et d'un Premier ministre conservateur et nationaliste, idéologiquement proche du Parti républicain américain. L'ancien étudiant dissident et libéral avait choisi ce positionnement dans les années 90, quand tout était à construire dans la droite hongroise : c'est là qu'un jeune politicien ambitieux pouvait espérer faire carrière.
Abandon. Le texte donne la possibilité d'accorder le droit de vote aux Hongrois d'outre-frontière (environ 2,5 millions de Hongrois sont citoyens de Roumanie, Serbie, Slovaquie et Ukraine), qui peuvent déjà obtenir un passeport magyar depuis le 1er janvier. «Le but du Fidesz est de rafler les votes des Hongrois de l'étranger aux prochaines élections», persifle un député de