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Libération
TRIBUNE

L’adieu à Lanzmann

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par Gilles Hertzog, Directeur de publication de "La Règle du Jeu"
publié le 19 avril 2011 à 0h00

Claude Lanzmann, ce loup solitaire, directeur des Temps modernes, semblait, depuis quelque temps, s'enfermer dans une amertume étrange, pourfendant, sur les terres qu'il s'attribue en propre, tout ce qui s'énonce sans son imprimatur. Yannick Haenel en sait quelque chose, qui en subit les foudres pour avoir librement interprété la tragédie du résistant polonais Karski. Notre procureur vient de franchir un pas de plus, dans le Monde des 17-18 avril, où, sous le titre «Libye, rhéteurs et décideurs», il s'élève contre l'intervention en Libye. Intervention qu'il avait, avec d'autres, appelée de ses vœux.

La raison de cette palinodie ? Le fait que les «forts» que nous sommes (nous, l'Occident) se porteraient au secours d'un trop «faible», qu'il y aurait enlisement, et que tout cela serait le produit de quelques «rhéteurs fulminants» (suivez mon regard) qui auraient soutenu (pure invention) que quelques frappes aériennes suffiraient. Le comble de l'arrogance rhétorique, «c'est que leur seule voix ait rallié le consentement actif des gouvernements et des Etats, les entraînant dans une guerre sans nom, à l'issue très incertaine». Il est piquant de voir Lanzmann déplorer un reste d'influence des intellectuels sur les politiques, lui qui, a signé un texte les appelant à intervenir en Libye, ce qu'ils firent, leur en fait grief trois semaines après !

Trois semaines, c’est trop. Qu’allons-nous faire avec des quidams qui ne l’emportent pas dans les temps