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portrait

Poésie des confins

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Paolo Rumiz. Né à Trieste, cet écrivain-voyageur promène sa curiosité à la lisière de l’Italie et aux frontières de l’Europe.
publié le 19 avril 2011 à 0h00

Dans ses moments d'intenses ras-le-bol, «quand déborde l'écœurement contre l'Italie berlusconisée», il s'arrête près de la place de Venise devant la grande statue de l'archiduc Maximilien de Habsbourg en éructant toutes ses désillusions. Pour Paolo Rumiz comme pour tant d'autres habitants de Trieste, la nostalgie de l'Autriche-Hongrie avec sa bonne et honnête administration demeure bien ancrée, près d'un siècle après le rattachement en 1918 à l'Italie du grand port de l'Adriatique. «J'appartiens à cette ville», soupire cet inlassable arpenteur des confins de l'Europe. Quand il est de retour à Trieste son monde se réduit à un quadrilatère d'un demi-kilomètre de côté au cœur de la ville. Il y a là le siège du journal Il Piccolo, le grand quotidien local malgré son nom, où il fit ses premières armes. Non loin de là un petit appartement, le pied-à-terre où il se retire pour écrire. Derrière la place de Venise se dresse la petite boulangerie Romi (cinq tables et un menu versifié en dialecte) où il a ses habitudes, car à Trieste, comme à Vienne ou à Budapest, c'est surtout au café que l'on voit ses amis pour vitupérer l'époque. A quelques centaines de mètres à vol d'oiseau, il y a le «quai secret» d'où il plonge, hiver comme été, pour quelques brasses. Le jeu des vents et des courants assurent une eau toujours propre : «J'y vois appareiller les ferries pour Istanbul et par temps clair, on aperçoit les sommets enneigés des Alpes.» Une in