Il faudra admettre cette réalité et ne surtout pas s’y faire. Depuis la percée, dimanche, du parti des Vrais Finlandais, on ne peut plus réduire la résurgence d’une droite nationaliste et xénophobe en Europe à une anomalie historique ou des particularités nationales ou régionales. Le phénomène n’est pas lombard, français, autrichien, néerlandais ou danois. Il est général, durable et contamine tant les droites établies et tout le débat public qu’on ne peut plus l’évacuer d’un simple adjectif.
«Fasciste» aurait hier suffi à disqualifier ces nouvelles droites mais ce n’est plus le cas aujourd’hui car très peu de leurs électeurs sont des chantres de la peste brune. Certains, bien sûr, l’ont été ou le sont encore mais cette résurgence d’une extrême droite n’est pas un simple retour aux années 30. C’est un nouveau imprégné d’ancien mais une nouveauté. Car qui sont ces nationalistes ? Dans une nouvelle convergence, ils sont faits d’ouvriers et employés confrontés à la raréfaction de leurs emplois, d’électeurs de gauche basculant à l’extrême droite au nom de l’anticapitaliste, de féministes en lutte contre l’islam ou d’homosexuels néerlandais qui ont bâti un parti antimusulman car ils se voyaient déjà pendus, comme à Téhéran, par les immigrés nord-africains. La mosaïque est improbable mais tous se vivent, c’est un fait, comme des défenseurs des acquis sociaux, de l’évolution des mœurs ou des deux : d’une modernité progressiste ébranlée par la mondialisation.
Ce cinquième des Européens