«Je suis enchanté de ma récente licence privée.» Jean râpé, béret du Che, barbe blanche et gros cigare Montecristo à la bouche, «Wilky» fait partie de ces personnages folkloriques qui, place de la Cathédrale à La Havane, se font prendre en photo par des touristes hilares. Son job rapporte gros : un bon jour, il gagne 60 pesos convertibles (appelé aussi le CUC qui, calé sur le dollar, équivaut à 0,7 euro), soit trois fois le salaire mensuel d'un médecin. Sur sa nouvelle licence, il est indiqué «danseur en duo». «Wilky», Hermenegildo Arencibia Griñan de son vrai nom, 56 ans, se réjouit des réformes économiques en cours. «Ma profession peut te faire rire. Mais aujourd'hui, je suis vraiment à mon compte. Je paie une patente chaque mois, et ma sécu chaque trimestre. Et je cotise pour ma retraite.» Il s'esclaffe : «Un vrai capitaliste, quoi !» Depuis janvier, avec ces nouveaux papiers, Wilky est soulagé. Il parle de «garanties juridiques» pour lui et la dizaine de parents qu'il fait vivre. Même satisfaction chez ses collègues de la place. Chacun a une licence.
Mayonnaise. Le phénomène dépasse largement le cadre folklorique. Cuba connaît la fièvre des mininégoces privés, dont l'éclosion a été favorisée par le président Raúl Castro. Objectif : augmenter les recettes de l'Etat via les patentes et les contributions à la sécurité sociale, sur fond de «révolution économique» dans un sens libéral.
Entre octobre et décembre, 100 000 licen