«Je suis prête à affronter leur mort. Ce que je n'accepte pas, c'est qu'on ne me dise rien», explique Gloria Aguilera, montrant des photos de son mari et de ses deux fils, disparus en septembre 2008 à Monterrey, une ville du nord du Mexique frappée de plein fouet par les affrontements entre cartels de la drogue. Depuis cette date, Gloria cherche ses proches. Ils étaient agents de la circulation. Or, les autorités refusent d'enquêter sur leur disparition. «Parce qu'elles sont impliquées», dénonce Gloria.
Cette histoire est semblable à celle de milliers d’autres familles au Mexique. Les organisations civiles ont récemment dénoncé plus de 3 000 disparitions forcées survenues depuis que le président Felipe Calderón a entamé la guerre contre les cartels en 2006. La commission nationale des droits de l’homme, un organe gouvernemental, a reconnu l’existence de 5 397 dossiers de disparitions ouverts durant cette période. Pour les spécialistes, il ne fait aucun doute que la majorité des cas rentre dans la catégorie juridique de «disparitions forcées», notamment car les responsables sont des autorités, civiles ou militaires.
Charniers. Le Mexique avait déjà vécu une vague de disparitions forcées à l'époque de la dénommée «guerre sale», dans les années 70 et 80. Les autorités avaient alors fait disparaître des centaines d'opposants de gauche et de militants des guérillas. L'immense majorité de ces cas n'ont jamais été élucidés. «Auj