Dès qu'ils le voient, les uns se mettent au garde-à-vous, les autres s'inclinent. Avec sa coiffe ornée de coquillages sur un keffieh noir et blanc si élimé qu'il tombe presque en lambeaux, le commandant Sylla Adams ne passe pas inaperçu. Son couvre-chef est un fétiche censé l'avoir préservé des bombes et des balles. «C'est tout cela, Fognon», dit-on en référence à son nom de guerre - qui signifie «le vent» mais veut surtout dire «insaisissable» -, qu'il a porté pendant les deux mois qu'ont duré les combats dans son fief d'Abobo. Cet ancien marin, officier de carrière, est un des fondateurs du commando invisible, une organisation d'autodéfense née après le second tour de la présidentielle ivoirienne. Il fait aujourd'hui la pluie et le beau temps dans ce quartier populaire du nord d'Abidjan, favorable au nouveau président Alassane Ouattara, et soumis pendant plusieurs semaines à l'intense pilonnage des forces fidèles à l'ancien président, Laurent Gbagbo. Comme Sylla Adams, ils sont des dizaines de combattants à n'avoir disposé que de leurs propres forces pendant des semaines, sans pouvoir compter sur l'aide de leur camp. Sauront-ils rentrer dans le rang, une fois la guerre terminée ?
Sièges en cuir. Il y a quelques semaines, le commandant se déplaçait dans un pick-up cabossé. Il va et vient maintenant dans un confortable 4 x 4 BMW aux sièges en cuir ou une Mercedes rouge, sans plaques bien sûr. Des véhicules «réquisitionnés» qu'il promet de re