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Libération
Reportage

Misrata : «On va enfumer les gars de Kadhafi»

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Autour de Tripoli Street, l’artère principale de la troisième ville de Libye, rebelles et loyalistes se livrent des combats acharnés pour le contrôle de chaque immeuble.
Des rebelles libyens le 20 avril à Misrata (© AFP Odd Andersen)
publié le 22 avril 2011 à 0h00

Les yeux détournés par l'excès de peine, un homme aux taches de rousseur embrasse son camarade dans la cour de la clinique Moujamad, qui fait office d'hôpital général depuis un mois. Puis les deux hommes glissent, du pick-up grêlé par des éclats de mortier, le corps d'Oussama Manita, 33 ans, enveloppé dans une couverture beige. Oussama Manita est le premier mort «officiel» de la journée de jeudi. Il est tombé un peu avant 11 heures, touché en pleine tête par le tir d'un sniper, non loin de là où ont été tués, mercredi, deux photographes occidentaux (lire ci-contre) par des éclats d'obus. Un infirmier en blouse bleu lance le premier «Allah Akbar». Que chacun reprend en portant le corps sur une civière et le pick-up repart en crissant les pneus vers les combats qui font rage à la sortie de la ville en direction de l'aéroport, tenu par les loyalistes, où seraient postés une quinzaine de tanks.

«Snipers». Le jour est levé depuis trois heures et les crépitements d'une mitrailleuse russe de 14,5 mm soudée à l'arc sur un châssis de pick-up détruisent le balcon au dernier étage d'un petit immeuble du quartier Almagasba, qui longe Tripoli Street. Il y a encore deux mois, Tripoli Street était la plus grosse artère commerçante. Depuis près d'un mois, c'est le théâtre des combats les plus acharnés entre forces loyalistes et rebelles, qui les repoussent. «Ils sont encore deux snipers dans l'immeuble. On sait qu'ils n'ont plus d'eau et de nourriture d