Diederik Vandewalle est professeur au Dartmouth College et spécialistes américain de la Libye. D’origine belge, il fut longtemps l’un des rares chercheurs américains à pouvoir s’y rendre.
La situation est-elle bloquée ?
Oui, et elle risque de le rester tant que l’Otan ne décidera pas jusqu’où la coalition est prête à aller. C’est malheureux, mais réel : elle est maintenant l’arbitre qui décidera si cette sorte de guerre civile va se poursuivre ou si elle sera résolue. Si la coalition décide de s’engager davantage en livrant des armes sophistiquées aux rebelles, ceux-ci pourraient aller jusqu’à Tripoli. Mais cela rappellerait ce qui s’est passé en 1951, quand Tripoli fut forcée de rejoindre la Libye contre son gré. Si la coalition ne donne pas ce coup de pouce décisif, l’impasse risque de se prolonger assez longtemps. Les rebelles sont mal organisés. Leurs commandants militaires se disputent entre eux. Les entraîner pour en faire une force efficace risque de prendre du temps.
Qu’est-ce que Washington est prêt à faire ?
La position américaine est très ambiguë. Lors du déclenchement de l'opération, Barack Obama a dit clairement que cela devrait prendre «des jours, pas des semaines». Et le voilà dans une situation qui s'éternise. Au sein de l'administration, il y a des voix comme celle du secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui rappellent que la Libye ne relève pas des intérêts stratégiques des Etats-Unis. D'autres soulignent plutôt que