A Misrata ces dernières heures, il y a comme un écho de Sarajevo années 90. En mode mineur, bien sûr. Mais avec une même valeur de symbole : une ville assiégée qui résiste et se bat depuis près de deux mois, une guerre urbaine, un déséquilibre militaire en faveur des assaillants, des combattants valeureux équipés d’armes de fortune, des snipers infiltrés, des quartiers ravagés, et un drame humanitaire qui frappent des populations civiles meurtries et terrorisées.
Il ne manquait plus qu’un voyage présidentiel en pleine guerre pour inspirer les livres d’histoire : comme Mitterrand hier, s’affichant avec Bernard-Henri Levy dans la ville martyre de l’ex-Yougoslavie, Sarkozy prépare son voyage éclair en Libye libre, avec le même BHL, sûr de s’y faire applaudir devant les caméras du monde entier par un peuple en armes qui en demande chaque jour davantage à la coalition internationale.
Chacun sait pourtant que le temps politique et médiatique n’est pas le temps militaire. La bataille de Misrata ne se gagnera pas avec des effets de manche, mais au sol, durement, en chassant les kadhafistes et leurs chars qui tiennent en otage la troisième ville du pays et ses 500 000 habitants. En dépit de leurs faiblesses, ou plutôt à cause de celles-ci, les insurgés ont remporté une première victoire politique : embarqués à la va-vite dans cette guerre, la France, la Grande-Bretagne et leurs alliés n’ont plus d’autre issue que la victoire. Une défaite à Misrata provoquerait pour les Occidentaux d’én