Les protestataires syriens avaient intitulé cette journée de manifestation «al-jomaa al-azim», littéralement «le grand vendredi», en fait une référence au vendredi saint, célébré par les chrétiens. Il s’agissait d’un appel du pied à la communauté chrétienne, qui pour l’instant reste très en retrait de la contestation. Sensibles à la propagande du régime, qui accuse les agitateurs d’être infiltrés par des extrémistes islamistes, et craignant de faire les frais d’un chaos généralisé à l’irakienne, les chrétiens syriens ne manifestent pas. Tout comme la communauté alaouite, une minorité d’obédience chiite, dont est issue la famille Assad, au pouvoir depuis 1970, ainsi que les plus grandes fortunes et les chefs des services de sécurité. Quant aux Kurdes, ils hésitent à s’engager franchement, de peur de faire, les premiers, les frais de la répression, d’autant que le pouvoir a promis de délivrer des papiers d’identité à quelque 250 000 d’entre eux, privés de nationalité depuis les années 60.
Test. Malgré ces hésitations et ces craintes, qui touchent de larges pans de la société syrienne, la mobilisation ne faiblit pas. Encore intermittente, sautant depuis le 15 mars d'une ville à l'autre, elle ne cesse pourtant de gagner en nombre et en force. Cette journée de vendredi s'annonçait comme un test à double titre. Les protestataires allaient-ils être impressionnés par la répression sans précédent qui s'est abattue le week-end dernier sur les manifestants de Homs, qui