Au feutre noir, il a écrit en grosses lettres : «Je fais ce que je veux et tant pis pour eux.» La révolte d'Oussama el-Khlifi se lit d'abord sur ses murs. Des messages en arabe et en français aussi naïfs que véhéments et qu'il ne veut surtout pas qu'on photographie. Il craint que ses compatriotes ne le jugent trop sévèrement pour ces «tags». Barbe de trois jours et voix éraillée à force de scander, Oussama, 23 ans, reçoit dans sa chambre, dans le petit appartement propret où il vit avec son père et sa grand-mère, à Salé, distant de quelques kilomètres de Rabat, à la fois plus grand et plus pauvre que la capitale. Murs crème couverts des coups de colère d'Oussama, une photo du petit garçon encore sage, un lit, un placard, une grande fenêtre et un ordinateur. C'est dans cette chambre que le jeune homme passait le plus clair de son temps il y a encore trois mois. A surfer sur Internet, regarder les images des révolutions tunisienne et égyptienne, tchater sur Facebook et chercher du travail. Depuis un peu plus d'un an, ce titulaire d'un diplôme en informatique est au chômage. «C'est presque impossible dans ce pays de trouver un travail sans piston», lâche-t-il, tout en égrenant rapidement les différents petits boulots qu'il a enchaînés. Vendeur pour une entreprise de matériel informatique, employé de centre d'appel, etc. Rien de très palpitant.
«Exception». Oussama s'allume une cigarette. Tout cela lui semble loin désormais. Car depuis