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Récit

En Colombie, la comédie de la démobilisation des paramilitaires

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Négocié entre 2000 et 2006, le désarmement a permis aux milices de s’enrichir et au gouvernement Uribe de briller.
publié le 26 avril 2011 à 0h00

Pour l'ancien président colombien Alvaro Uribe (2002-2010), c'est une «infamie criminelle». D'ex-chefs paramilitaires, aujourd'hui en prison, ont remis en cause au cours de leurs interrogatoires ce qu'il défend comme l'une de ses plus grandes réussites : la démobilisation négociée de leurs 32 000 combattants antiguérilla. Selon les accusations des anciens commandants, plusieurs de ces remises d'armes, échelonnées entre 2002 et 2006, ont été truquées pour faire du chiffre et recycler des mafieux avec l'appui tacite du chef de l'Etat.

Freddy Rendón, alias «El Alemán», ancien chef d'une puissante faction du nord du pays, a ouvert le feu au début du mois. Devant les juges, il a confirmé de vieux soupçons en dénonçant comme «factice» une des premières cérémonies de désarmement, en novembre 2003 à Medellín. A cette époque, les négociations duraient depuis presque un an sans véritable résultat. Les commandants «paras», concentrés dans l'un de leurs fiefs, menaient grand train et leurs troupes, responsables de tueries de civils aux quatre coins du pays depuis les années 80, rompaient régulièrement la trêve officielle pour éliminer syndicalistes, militants de gauche et leaders paysans. Les diplomates invités à jouer les garants de ce processus commençaient à murmurer : Alvaro Uribe, accusé d'avoir facilité le développement de ces milices ultraconservatrices alors qu'il était gouverneur régional, était suspecté de vouloir offrir une amnistie pure et simple à ses allié