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Libération

Europe, la tentation de la forteresse

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Après l’arrivée de réfugiés tunisiens via l’Italie, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se rencontrent aujourd’hui, prêts à remettre en cause les accords de Schengen permettant la libre-circulation dans l’Union.
Des immigrés retournent dans le centre de rétention de Lampedusa, en Italie, le 11 avril 2011, après avoir manifesté contre leur renvoi dans leur pays. (REUTERS)
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 26 avril 2011 à 0h00
(mis à jour le 26 avril 2011 à 6h46)

L’Union européenne est-elle soluble dans le printemps arabe ? Le débarquement, sur les côtes italiennes, depuis janvier, de milliers d’étrangers sans papiers (au moins 20 000 Tunisiens et 8 000 Libyens) semble tout près de remettre en cause l’espace européen de libre circulation, plus connu sous son petit nom d’«espace Schengen», l’un des piliers de la construction communautaire au même titre que l’euro.

Les noms d’oiseaux volent depuis plusieurs semaines entre l’Italie - qui estime que l’UE mégote sa solidarité face à ce qu’elle vit comme un «tsunami» d’immigrés clandestins -, et ses partenaires européens - qui estiment l’afflux bien modeste pour déclencher un plan Orsec et lui renvoient son incapacité chronique à contrôler ses frontières extérieures. La tension est montée d’un cran en fin de semaine avec la volonté de Paris de revenir au moins partiellement sur la suppression des frontières intérieures, un acquis datant de 1995. Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se retrouvent aujourd’hui à Rome afin de résoudre une crise dont la paternité est sans conteste italienne.

«Chantage». En effet, le gouvernement Berlusconi s'est très vite estimé débordé par une «immigration clandestine massive» et a réclamé un partage du «fardeau», en clair une répartition des sans-papiers. Or, si l'île de Lampedusa, porte d'entrée des migrants, est effectivement confrontée à une situation difficile, ce n'est pas le cas pour l'ensemble de l'Italie : quelques mil